mardi 4 mai 2021

POURQUOI OSER LA VESTE CROISÉE ET COMMENT LA CHOISIR ?

 

POURQUOI OSER LA VESTE CROISÉE ET COMMENT LA CHOISIR ?

Temps de lecture : 12 minutes


Publié par Jordan Maurin le 3 mai 2018


Vous vous souvenez de vos tenues quand vous ne saviez pas vous habiller ?

Je parie que oui. Et je parie aussi que vous y repensez parfois avec un sourire un brin railleur et nostalgique.

La vérité, c'est que vous avez fait d'énormes progrès et ça fait du bien de se le dire de temps en temps.

Depuis, des illusions ont été perdues. Des peurs ont été déconstruites. Des habitudes sont nées. Et je suis sûr que vous portez aujourd’hui certains vêtements qui vous aurez parus ridicules ou trop ambitieux il n’y a pas si longtemps.

Oui, vous avez fait des progrès, mais certaines pièces résistent encore à votre insatiable soif sartoriale, je me trompe ?

La veste croisée en tête de liste.

Elle vous attire mais vous fait peur aussi. Comme un pays lointain dans lequel on n’a jamais mis les pieds.

Et je sais ce que vous vous dites.

Que vous ne voulez pas ressembler à un vieux politicard réac’ ou même à un gangster, la sulfateuse en bandoulière.

Légitime. Mais je vais vous dire une bonne chose : cela n’arrivera pas.

Parce que vous êtes entre de bonnes mains.

En fait, bien portée, la veste croisée vous mettra plus en valeur qu'aucune des pièces de votre vestiaire. Elle vous confèrera un charisme à l’épreuve des balles les plus meurtrières des haters. Et, une fois que vous l'aurez apprivoisée, rien ni personne ne pourra vous empêcher de la porter tout le temps et partout.



Ça, c'est une bonne grosse dose de confiance, non ? Bon, ici, Miles Davis la porte avec le pantalon assorti, mais c'est encore plus facile en dépareillé, vous verrez !

La veste croisée est faite pour vous si :

1.     Vous voulez porter un vêtement qui vous donne une très grande confiance en vous.

2.    Vous voulez exprimer un certain panache dans votre allure.

3.    Vous aimez les vêtements quand ils sont ludiques.

4.    Vous voulez simplement passer à la vitesse supérieure.

Précision : une seule réponse suffit 🙂

Alors, on continue ?

LA VESTE CROISÉE AVANT, C'ÉTAIT QUOI ?

Que ceux qui ne veulent rien apprendre sur l’histoire de la veste croisée lèvent la main…

Personne ?

Alors allons-y !

Je commence en douceur avec une question inattendue : est-ce que vous savez pourquoi les cabans sont croisés ?

Non ?

Pour permettre aux marins de fermer le pan droit ou gauche de leur veste selon le sens du vent... Pas bête.

Je vous parle du caban, parce que c’est un peu le père de la veste croisée : à la fin du 19ème siècle en Angleterre, les militaires se font fabriquer des vestes plus légères inspirées des cabans, pour aller faire du sport.

Cependant, ça ne prend pas vraiment sur les populations civiles qui trouvent ça “mouais, bof, c’est pas suffisamment formel pour le boulot alors ça m’intéresse pas”. OK.

Il faudra donc compter sur une personne munie d'une force de persuasion bien plus grande, et cette personne c'est le Prince de Galles. L'homme qui a donné son nom à un motif ! Le père des tendances et des transgressions stylistiques en personne. 1



Ce n’est pas parce qu'on a du sang royal qu'on est forcément ennuyeux à mourir.

Ce coup de pouce intervient dans les années folles. 2 Mais malheureusement, il est insuffisant.

D'autant que la Seconde Guerre Mondiale provoque une pénurie de textile qui force les fabricants à se concentrer sur l’essentiel. Et c'est ainsi que le croisé est oublié car considéré comme extravagant et très gourmand en tissu.

Décidément, ça ne prend pas.

Finalement, c’est au cinéma hollywoodien d'après-guerre que l’on doit son arrivée sur le devant de la scène. C'est le premier véritable engouement populaire pour la veste croisée. On peut noter le film Casablanca, où l’on voit Humphrey Bogart qui a beaucoup d’allure dans sa veste de smoking.



Paul Henreid à gauche et Humphrey Bogart à droite, tous les deux unis par le port du croisé d'une part, et par l'amour de la même femme d'autre part. Impeccable. Rien ne dépasse. J'applaudirais s'ils pouvaient m'entendre.

Et puis, à partir des années 1970, le festival du croisé commence avec Ralph Lauren bien sûr et Nutters of Savile Row (aujourd'hui Chittleborough & Morgan) 3.

Et les années 80 renchérissent avec Giorgio Armani et Hugo Boss !



Richard Gere dans American Gigolo, habillé par Armani.

On se souviendra aussi (pour ceux qui étaient nés je veux dire !), de Miami Vice (Deux Flics à Miami) série télévisée américaine qui montre Ricardo Tubbs dans de sublimes croisés tout en sobriété...



C'est à ce moment-là que ça a dû déraper...

Le croisé est partout, à tel point qu'il engendre une réaction assez radicale : au début des années 2000, Hedi Slimane le ringardise avec ses coupes chirugicales slimmées et ses revers fins comme on n'en avait jamais vus.

Clap de fin pour le croisé.

LE CROISÉ EST MORT ? VIVE LE CROISÉ !

Maintenant que vous savez toutes ces choses sur la veste croisée, je vous demande solennellement de tout oublier.

Oui je sais, la vie est injuste.

C'est pour votre bien que je dis ça. Parce qu'il serait bien difficile de porter cette veste croisée comme autrefois sans avoir l'air déguisé ou de trop vouloir en faire. En fait, il faut réinventer la manière de la porter. Que dis-je réinventer, révolutionner !

La veste croisée est une pièce dotée d'une puissance stylistique hors norme. C'est comme le marteau de Thor, sauf que tout le monde peut la porter !



Voici une tenue moderne et bien sentie. Pour le printemps, on enlève le col roulé et le bonnet et c'est parti.

Si jamais la photographie tout bonnement exceptionnelle ci-dessus ne vous avait pas convaincus (mais j'en doute), voici 6 raisons de franchir le pas de la veste croisée :

1.     Elle vous distingue stylistiquement.

2.    Elle camoufle une chemise repassée négligemment.

3.    Elle permet d'atténuer un peu l'embonpoint.

4.    Elle rend remarquable une tenue banale.

5.    Elle permet de lier plus facilement le haut et le bas (ayant les jambes un peu plus courtes que mon tronc, la veste croisée me permet de donner l'illusion que mes jambes sont plus longues qu'en réalité).

6.    Autant qu'une veste droite, elle peut être très élégante ou très décontractée.

Oui, je sais, à présent vous brûlez d'impatience de posséder une de ces merveilles. Et je vais vous aider dans cette tâche.

COMMENT BIEN LA CHOISIR ?



Parfois dans la vie, pour bien porter un vêtement, il suffit de se demander : "Mais que ferait Lapo ?"

VA-T-ELLE À TOUTES LES MORPHOLOGIES ?

Selon G. Bruce Boyer, seuls les hommes avec des hanches vraiment très larges devraient éviter de la porter. Et G. Bruce Boyer est un prophète du style masculin, un chantre et pape et tout ça à la fois. À votre place, je lui ferais confiance.

Il vous veut du bien.

QUAND ON EST PETIT

J'entends souvent dire que la veste croisée aurait le pouvoir de rapetisser instantanément son porteur. Ce serait le Wayne Szalinski de la sape !

J'ai quatre contre-exemples à vous offrir :

1.     Humphrey Bogart faisait 1m73

2.    Le Duke of Windsor (le Prince de Galles vu plus haut) faisait 1m70

3.    Fred Astaire faisait 1m75

4.    Ralph Lauren fait 1m68

Avouez que ce ne sont pas de géants.



"Salut les filles." Je ne sais pas si c'est que la photo est bien prise, mais je trouve que ça fonctionne pas mal. Bon, cela dit, on n'est pas obligé d'avoir des épaules si affirmées. Mais si Ralphie fait ça, c'est parce que la forme V, si chère à Clark Gable et Cary Grant, élance la silhouette.

Quand on est petit, il faut toutefois observer quelques précautions :

  • Comme sur toutes les pièces à manches, il convient de faire attention à la longueur de la veste et des manches quand on est petit (pas trop longue).
  • Attention également à la position des boutons : il faut les placer plus haut.
  • Attention aux proportions de la veste : les revers doivent être positionnés plus haut sur le buste pour donner une impression d'élancement.

Si on veut se faire une veste croisée en demi-mesure ou sur-mesure, on peut toujours choisir la position de boutons la plus adaptées à sa morphologie.

En agrandissant légèrement le carré de boutons, on contribue à allonger un peu la silhouette. Il ne faut cependant pas exagérer : on parle de 1 à 3 cm, pas plus.

Pour les plus petits, une technique utilisée par le Duc de Windsor était de fermer simplement le bouton du bas (censé ne jamais se fermer) et non celui du haut. Cela allonge le revers et donne une impression de hauteur. C’est une technique appelée “Kent Style” que l’on doit au Duc de Kent qui aurait commencé cette tendance. Ralph Lauren, Fred Astaire et le Duc de Windsor donc se sont approprié la technique afin de paraître plus grands.



Photo tirée de Life Magazine. Mais quel géant ! On voit que le Duke of Windsor boutonne simplement le bouton du bas (interdit normalement). Cette technique permet d'agrandir visuellement le buste et de le faire paraître plus grand qu'il n'est en réalité. Et deuxièmement, oui, ce sont bien des asperges.

QUAND ON A UN PEU D'EMBONPOINT

Si vous avez du ventre et que la veste croisée est taillée dans une coupe adaptée, je ne vois pas pourquoi on devrait s'interdire de la porter. Je dirais même qu'on a assez l'habitude de voir des hommes avec de l'embonpoint en croisé et cela ne m'a jamais choqué. Au nom de quoi, au juste ?

Quelques conseils pour bien la porter tout de même :

  • Le mieux est de la choisir avec des crans aigus, pas trop larges, qui montent assez haut. Cela renforce la verticalité. Ça marche donc aussi quand on est petit.
  • Opter pour de la demi-mesure ou du sur-mesure sera toujours préférable.
  • Et comme je l'ai dit un peu plus haut, pour allonger la silhouette, il faut espacer davantage le carré de boutons.

QUAND ON A PEU D'ÉPAULES

Alors il faut privilégier les vestes avec un peu de rembourrage ! Juste un peu, à la française, parce que, je vous le rappelle, une structure trop anguleuse donne une impression de sévérité.

Pour ce qui est des revers, que la pointe des crans aigus arrive à la moitié de l'épaule est une bonne idée.

QUAND ON EST GRAND ET MINCE

Pour ce qui est de la minceur, le croisé peut justement vous apporter un peu de corps, si c'est ce que vous recherchez visuellement.

En ce qui concerne votre hauteur, il faut veiller à ce que la longueur de la veste soit suffisante, ainsi que celle des manches bien sûr. Mais cela, vous le savez déjà, n'est-ce pas ?

Pour vous épaissir un peu, vous pouvez opter pour des motifs à carreaux fenêtres par exemple ! Vous pouvez vous le permettre.

LA COUPE

Un surplus de tissu ruinerait la silhouette à coup sûr. Il faut donc veiller à la prendre assez cintrée. Pas question d'être boudiné toutefois, cintré ne veut pas dire trop petit. Mais il faut qu'elle épouse amoureusement les formes de votre corps.

Ce faisant, si vous constatez un peu de tiraillement au niveau du bouton fermé, ce n'est pas grave du tout. C'est même considéré comme très élégant par les puristes. C’est un must qui donne du naturel à une veste qui, sinon, peut faire très sévère. Je parle ici de léger tiraillement. On est d'accord.

Pour la longueur de la veste, toujours pareil, elle doit recouvrir les fesses au moins de moitié (rien de plus inélégant qu'une veste dont on a l'impression que c'est un cardigan).

Le bouton que l’on ferme devrait se trouver juste au-dessus de la taille naturelle (donc juste au-dessus du nombril).



Fabio Attanasio vous montre la coupe idéale. La longueur des manches est parfaite. Les épaules sont lisses et bien définies, le cintrage est prononcé juste ce qu'il faut ! Et la longueur de la veste rend la silhouette harmonieuse puisqu'elle la divise en deux parties assez égales. Bravo !

DÉTAILS ET FINITIONS DE VOTRE FUTURE VESTE

Nous vous conseillons d'opter pour :

  • Des poches plaquées ou passepoilées (les premières étant plus décontractées donc parfaites pour rendre la veste plus accessible à tous les styles)
  • Un tissu de bonne qualité en matières naturelles (coton, laine, lin, soie)
  • Des crans aigus sauf si c'est une veste de smoking (col châle à ce moment-là est très seyant)
  • Deux fentes d'aisance dans le bas du dos
  • Une épaule napolitaine (avec très peu de padding) pour faire moins guinder, c'est important Messieurs !
  • Configuration des boutons conseillée : 6x2 ou 4x2 4

 



Illustration empruntée au tailleur Julien Scavini (Stiff Collar). Oui, oui, il sait de quoi il parle. Les deux premiers personnages présentent les vestes les plus portables de nos jours.

LA COULEUR

Vous diriez quoi, vous ?

C'est le moment de s'amuser, non ?

Comme c'est une pièce qui peut très vite faire stricte et austère, il faut lui donner un peu de punch, un certain twist par la couleur ou la matière.

Les possibilités qui s'offrent à vous selon nous :

  • Un bleu plus soutenu qu’un bleu marin
  • Un kaki ou un olive
  • Un marron
  • Un beige
  • Un bordeaux ou lie-de-vin

Vous pouvez toujours la prendre bleu foncé, ce n'est pas un problème. C'est plus sérieux, c'est tout. Mais si vous êtes quelqu'un d'aimable et souriant comme je l'imagine, alors rien n'est perdu.

LES MOTIFS



Certains n'ont pas froid aux yeux. Comme ce Monsieur (dont j'ai oublié le nom) et qui est la muse officielle de la sprezzatura.

Dans la mesure où la veste croisée est déjà en soi une belle audace, peut-être vaudrait-il mieux vous interroger d'abord pour savoir si vous vous sentez suffisamment prêt. Oui, je parle de ça comme d'un saut à l'élastique. Si, ce n'est pas le cas, une simple matière texture peut faire l'affaire !

Et si, au-delà de la texture, vous souhaitez opter pour une veste à motifs, nous vous conseillons un Prince-de-Galles fondu, dans les bleus ou les gris. Si vous êtes grand, un motif à carreaux fenêtres peut donner de l'épaisseur à votre silhouette (mais je me répète).

COMMENT LA PORTER ?

De la même manière que la veste droite, ne boutonnez pas le dernier bouton. Laissez-le ouvert, voler au vent. Si vous fermez tout, vous donnerez l’impression d’être étriqué, et donc un peu coincé, voire carrément lugubre. Vous ne voudriez pas foutre en l'air tous vos efforts pour porter la veste croisée avec élégance, si ?

Après, je vais vous faire un aveu : souvent j'aime ne pas la fermer du tout et laisser tout ouvert. Ce n'est pas très réglementaire, mais à ce que je sache, y'a pas de police pour ça et pas de loi non plus. Mais c'est surtout assez jouissif, pour une raison qui m'échappe.

APPRIVOISEZ-LA !



M. Sullivan ne se laisse pas intimider par le croisé. Au contraire, il le porte froissé (la matière contient du lin), comme s'il sortait tout juste d'une nuit de débauche en compagnie du diable en personne. Photographie de Garçon Jon (Jonathan Daniel Pryce).

Ici, elle est portée de manière négligée. La veste n'est pas considérée comme un summum de l'élégance, mais simplement un outil de sa propre expression, de sa propre destinée, son uniforme au quotidien qu'il porte avec plaisir. Il ne dit rien et pourtant on pourrait se dire que c'est sa préférée.

DÉCONTRACTEZ-LA !



Au Pitti, la veste croisée est la soutane du paon.

Marinière, jean délavé (on aurait d'ailleurs pu en trouver un meilleur soit dit en passant), sneakers à la Stan Smith et pochette. C'est facile à reproduire ça, non ?

Incroyable mais vrai : cela fonctionne aussi avec une chino beige ou de couleur.

À L'ITALIENNE



Superposition intéressante. Complètement invivable en été, mais intéressante.

Les gens du Pitti ne sont pas des gens normaux, ne faut pas croire. Ils sont dotés de glandes sudoripares hors normes qui se referment sous l'action de la chaleur. Si bien que : plus il fait chaud, moins ils transpirent. Cette particularité physique fait qu'ils peuvent rester des heures à poser alors que le soleil leur tabasse méthodiquement le sommet du crâne.

Blague à part, une veste en denim placée sous la veste croisée est possible au printemps, à condition que cette première soit suffisamment fine bien sûr pour ne pas faire étriquer et que la deuxième ait une coupe suffisamment large (mais pas trop malheureux !).

Remarquez l'utilisation des baskets de running tout en flamboyance !

TAKE IVY



Shuhei Nishiguchi quand il est en retard pour aller faire ce qu'il a à faire. Ils font quoi dans la vie d'ailleurs tous ces gens, à part bien s'habiller ?

Imaginez ce que serait cette tenue sans la veste croisée. Une vaste fumisterie ? Non, vous exagérez un peu je trouve.

Ce ne serait pas mal, quand même. Mais est-ce que ce serait exceptionnel ? Pas vraiment.

En fait, la veste a le pouvoir de rendre toute tenue banale extraordinaire. Et c'en est la preuve.

LA SÉLECTION

C'est le genre de pièce pour laquelle on économise, j'en ai bien peur. Ou alors on attend les soldes. C'est assez logique quand on y pense, il y a du travail sur cette veste. La construction se doit d'être soignée. La coupe ne souffre pas l'à-peu-près. Un mauvais tissu et c'est le drame. Pitié, il faut éviter qu'il brille !

Mais vos goûts sont à présent mieux aiguisés et vous devez vous faire confiance !

  • SuitSupply est toujours une bonne option pour du tailoring à moindre frais. Les tissus sont de bonne qualité et les finitions sont correctes. Une très bonne porte d'entrée, malgré la présence de revers souvent très larges, ce qui personnellement m'enchante sur cette gamme de prix mais qui peut faire peur de prime abord. (Il se dit, dans le milieu, qu'une boutique SuitSupply devrait bientôt voir le jour à Paris... Mais ne me demandez pas d'informations, je n'en ai pas.)


(299€) Un exemple de tenue facile à réaliser le matin. Parfaite pour une première veste croisée !

  • Cadot mérite toujours qu'on s'y intéresse. Les produits sont bien positionnés et le travail soigné.


(380€) Je serais assez curieux d'essayer cette veste couleur tabac de chez Cadot. Elle n'est pas très difficile à porter. Le marron est une couleur sous-estimée pour les vêtements. Alors qu'elle est tellement naturelle.

  • Editions M.R : la veste croisée est une constante chez eux. Dans la défense d'un style parisien, ou plutôt français, il la décline avec un certain flegme. Chez Editions M.R, la veste croisée se porte ouverte, comme s'il s'était agi d'une simple chemise ouverte sur un t-shirt, l'air de rien, sans y penser.


(490€) Typiquement le genre de pièce à calmer avec l'aide salutaire d'un t-shirt blanc et d'un jean. Pas la plus facile à assumer : il faut un style un peu avancé.

  • Wicket : Pour être passé plusieurs fois dans leurs boutiques, je trouve les produits Wicket toujours réussis. Il faut éviter, à mon humble avis, de s'y habiller de la tête aux pieds (quoique...) mais les pièces de tailoring valent franchement le détour.


Veste d'un costume. Le tout à 640€. Belles finitions, beau tissu. On ne le distingue pas vraiment mais ce n'est pas un uni, mais un carreau subtil et élégant. Vous n'auriez pas un mariage à assurer cet été par hasard ?

  • Hackett : J'aime assez bien Hackett. Il faut peut-être s'en méfier sur certaines pièces maintenant (les manteaux ?). Une chose est sûre, je n'achèterais qu'en soldes chez eux. Mais l'ADN très anglais est plaisant et je trouve leurs produits toujours justes.


(650€) Veste croisée inspirée des blazers des clubs d'aviron du 19ème siècle en Angleterre. C'est tout de même assez réussi. Difficile à porter. Mais assez réussi. Cela dit, il faut faire attention à l'effet gangster avec les rayures. Ici, la couleur empêche cette connotation, à mon sens, mais faut l'avoir en tête.

  • Lardini : Oui, vous l'avez deviné, c'est une marque italienne. D'abord une filature, et puis une histoire de famille surtout ! Beaucoup de lignes, de collections différentes. Les lookbooks sont réussies et vous donneront de nouvelles idées d'associations de vêtements. Le flair est là.


(670€) Veste en laine et lin destructurée. A l'italienne. Elle n'est pas donnée cette veste, c'est sûr. Mais, à mon sens, c'est comme ça qu'une veste croisée devrait être. On devrait la porter sans pression, dans des couleurs douces et chaleureuses à la fois. Je la porterais avec une chemise blanche, un jean et des sneakers. Et vous ?

  • L.B.M. 1911 : concurrent de Lardini. Il y a le même flair italien, des tons neutres, terres, pastels, bien trouvés. C'est beau, ça sent bon le soleil, c'est notre garde-robe de vacances dans les Pouilles en Italie. Ou ailleurs, même en France tant qu'il y a la mer, tant qu'il y a du vent et des terrasses pleines de soleil. Et si elle n'est pas là, la mer, ce n’est même pas grave.


Je n'ai pas trouvé le prix, mais j'imagine que c'est du même acabit que Lardini. Franchement, vous ne la voyez pas sur vous cette veste-là ? Bah, ça s'essaye quand même ! Une petite chemise en chambray serait bienvenue... avec un jean brut allez ! Et pourquoi pas des espadrilles de couleur. Vous la porteriez comment, vous ?

LE MOT DE LA FIN...

“Le truc avec la veste croisée, c’est que c’est pour les hommes, pas pour les petits garçons !” Glenn O’Brien.

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec Glenn O'Brien - pour une fois -, je dirais plutôt que la veste croisée a le pouvoir de transformer les garçons en hommes. Elle est plus efficace qu’un rite initiatique pour passer à l’âge adulte. Ça ajoute instantanément une toison épaisse de poils sur tout le corps et vous injecte en intraveineuse une bonne dose de virilité.

Ce qui est sûr c'est qu'il faut être prêt.

Ce qui est sûr aussi, c'est que la vie est trop courte pour ne pas porter les choses qui nous font plaisir à porter. D'ailleurs, vous vous souvenez ? G. Bruce Boyer vous a donné le feu vert, qu'importe votre morphologie (sauf peut-être les hommes ayant de très larges hanches).

Il faut, pour finir, que je soulève l'importance capitale de la retouche : raccourcir, ajuster, déplacer une boutonnière ! Tant de travail peut être fait sur votre veste pour la rendre parfaite. Parfois, il suffit de l'œil avisé d'un expert pour changer radicalement la manière dont vous va un vêtement.

Alors, votre histoire d'amour avec la veste croisée, vous la commencez quand ?

dimanche 25 avril 2021

Peut-on porter un costume sans cravate ?

 

Comment porter un costume sans cravate ?

18 mars 2021



Est-il possible de porter un costume sans cravate ? La réponse n’est pas si évidente. Découvrez comment réussir un look stylé sans cravate !

Porter une cravate au boulot est souvent une obligation et non un plaisir. Beaucoup d’hommes se plaignent ainsi, ouvertement ou en secret, de l’impératif d’en arborer une au quotidien. La bonne nouvelle, c’est que le dress code au bureau s’est beaucoup détendu ces dernières années. Sans dire qu’il est possible d’aller travailler en jogging – sauf si vous faites du télétravail – la cravate n’est plus obligatoire dans beaucoup de boulots.

La question qui suit, si la cravate saute, c’est de savoir comment porter un costume sans elle. Est-il possible de rester stylé en costume sans en nouer une autour de notre cou ? Suivez le guide.

·        1 Est-il possible de porter un costume sans cravate ?

o  1.1 La cravate, accessoire complémentaire du costume

o  1.2 Le costume, qui peut s’émanciper de la cravate

·        2 Comment bien porter un costume sans cravate

Est-il possible de porter un costume sans cravate ?

Oui, et non. La réponse n’est en fait pas si évidente.

La cravate, accessoire complémentaire du costume

Un costume complet (deux ou trois pièces) est en fait un ensemble de pièces qui sont interconnectées. Et non indépendantes. Dans un look business, le pantalon s’associe avec la veste. Et ces deux vêtements se marient avec le gilet ainsi qu’avec la chemise et la cravate.

Ainsi, une veste de costume ne peut a priori pas être portée avec un pantalon d’un autre costume. Et lorsqu’on n’enfile pas de cravate, l’ensemble peut donner une impression d’inachevé. Le costume est en effet un vêtement conçu pour être porté avec une cravate. La preuve ? Les revers de la veste sont pensés pour servir de cadre à la cravate. C’est notamment pour cela qu’il faut sélectionner une largeur de cravate proportionnelle à la largeur des revers de la veste.

Bref, en résumé, la cravate est l’accessoire qui vient terminer le costume en apportant la touche finale. Sans parler du fait qu’elle ajoute de la couleur à un ensemble qui sinon serait très monochrome.

Le costume, qui peut s’émanciper de la cravate

Porter une cravate semble donc indispensable dans l’esprit d’un look avec un costume, lors des occasions formelles. Pourtant, on peut réussir une tenue avec ce vêtement sans cravate. Il y a en effet des occasions où vous avez besoin de donner une impression moins autoritaire ou hiérarchique. Vous pouvez également avoir simplement envie de donner un esprit moins habillé à votre tenue.



Certaines occasions se prêtent donc au retrait de la cravate, la première venant en tête est peut-être le mariage d’été (les températures élevées rendant acceptable le fait de ne pas porter de cravate). Mais ce sera également possible pour les cocktails, garden party et autres vernissages.

De façon générale, le dress code masculin est aujourd’hui plus tolérant, on voit ainsi notamment de plus en plus de personnalités politiques se débarrasser de leur cravate, afin de donner une impression de plus grande proximité avec les électeurs.

En résumé, oui, il est aujourd’hui accepté de porter un costume sans cravate, à condition que l’évènement le permette. Voici les règles à avoir à l’esprit pour bien réussir votre look.

Ailleurs sur le web : le combo costume-cravate en voie de disparation.

Comment bien porter un costume sans cravate

La principale difficulté lorsque vous faites sauter la cravate, c’est que ce geste peut être perçu autant comme une omission involontaire (comme si vous vous étiez par exemple habillé à la hâte ou que n’aviez pas compris le dress code) que comme une décision de faire privilégier votre confort au détriment de votre style.

Heureusement, il est possible de résoudre ce problème afin de montrer que le fait de ne pas porter de cravate est bien un choix délibéré et stylé. Voici quelques conseils pour y parvenir.

La clef, c’est la coupe. La coupe d’un costume, ou de tout autre vêtement, est le premier critère qui définit si un look sera stylé ou non. C’est d’autant plus vrai si vous ne portez pas de cravate. Si votre costume est trop large ou trop serré, l’absence de cravate renforcera l’effet négligé. Il faut donc qu’il soit parfaitement taillé.



Préférez un costume casual. Ne pas porter de cravate alors que vous enfilez un costume formel comme ceux que l’on retrouve dans les cabinets d’avocats (sombres et bien structurés) donnera une impression d’inachevé. Pour éviter cela, choisissez plutôt un costume plus casual, c’est-à-dire dans des couleurs plus clairs, potentiellement avec des motifs et plutôt déstructurés.

La chemise moins formelle. Dans la même qu’un costume formel, une chemise habillée sans cravate créera également un effet de look non fini. Préférez plutôt une chemise moins formelle (sans pour autant partir sur un modèle très détendu, comme une chemise en jeans ou à fleurs). L’absence de cravate se fera alors plus naturellement. Concrètement, les chemises Oxford ou en chambray sont des choix idéaux.

Article lié : le guide de la chemise Oxford

Article lié : les différents tissus de chemise

Attention au col. Le col de votre chemise agit comme un cadre censé flatté votre visage. Mais sans cravate pour bien le tenir en place, le col de votre chemise risque de s’aplatir ou de se corner. Pour éviter cela, sélectionnez une chemise dont le col est particulièrement grand et ses pans écartés. Un col plus petit qui se tient bien sera un bon choix. Les modèles à col boutonné sont particulièrement pertinents ; vous pouvez aussi repasser votre col en appliquant de l’amidon pour qu’il bénéficie d’un bon maintient.

Deux boutons. Si vous choisissez de porter un costume sans cravate, votre chemise ne doit pas être boutonnée jusqu’en haut. Déboutonnez deux boutons, pour bien marquer le fait que l’absence de cravate est intentionnelle. Cela rajoutera à effet nonchalant à votre style. En revanche, attention à ne pas en déboutonner plus, sans quoi vous passerez de l’effet faussement négligé à fatigué après une soirée trop arrosée.

Accessoirisez l’ensemble. La cravate est un accessoire efficace pour ajouter de la couleur à un look. Sans elle, votre style risque d’être fade. Heureusement, il existe d’autres pièces permettant de compenser son absence. Vous pouvez ainsi enfiler une montre, une broche sur votre revers ou encore une pochette.



Article lié : 8 façons de plier une pochette de costume

Faites briller vos chaussures. En l’absence d’une cravate remplissant le rôle de point d’attention, le regard de votre entourage sera orienté vers les autres accessoires de votre style. C’est notamment le cas de vos chaussures, il faudra donc veiller à ce qu’elles soient bien cirées. Car si elles sont mal entretenues, elles peuvent faire chuter à elles-seules votre look.

 

samedi 24 avril 2021

comment choisir son tailleur de costumes et chemises sur mesures









Bravo! les articles sont intéressants. Ce sont d'excellents conseils-mode dont bien des gens devraient s'inspirer!
Emmanuel E :Professeur de violon.


Comment choisir sont tailleur?

Quand on parle de tailleur on pense souvent à un tailleur féminin soit un costume pour femme.
Un tailleur est aussi un homme ou une femme qui sait prendre vos mesures pour vous réaliser tous types de vêtements sur mesures.

Mais vous allez me demander quel tailleur choisir pour la confection de mon vêtement sur mesure?

La réponse est: dirigez vous vers un professionnel qui a une parfaite connaissance des coupes et des modèles et qui a un vaste choix de  tissus  de luxe.

Ce tailleur saura vous écouter et vous prodiguer de bons conseils afin que le résultat soit irréprochable et vous apportera du service, de la qualité et un bon rapport qualité/prix.

Un costume est un vêtement réalisé en Trois dimensions  ce qui complique les choses et il est important de faire un essayage de vérification afin que le vêtement épouse votre silhouette et gomme vos défauts physiques car nous sommes tous différents.

De plus toutes les questions doivent être posées au préalable afin que votre projet soit une réussite et que le vêtement créé pour vous réponde parfaitement au cahier des charges et que vous en ayez pour votre argent.

Mais vous allez me dire et si cela ne va pas?

Je vous répondrais: et pourquoi cela n'irait pas?
Si toutes les questions ont bien été posées et que les mesures sont bien prises ça va forcément.
Si vous ne savez pas quoi répondre aux questions posées alors le mieux est de confier au tailleur le vêtement réalisé sur mesure qui vous va le mieux et il se fera un plaisir de vous le réaliser.


Hervé KLODAWSKI tailleur privé personnel
39, rue balard
75015 Paris




jeudi 11 mars 2021

vous êtes votre propre créateur


Costume de Pierre CONDAMIN GERBIER 

En plus du choix parmi plus de 20 cols de chemises et de poignets, vous pouvez créer votre col à partir de croquis papier.

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lundi 1 mars 2021

Pourquoi se réjouir de la mort du costume ?

 BILLET – POURQUOI JE ME RÉJOUIS DE LA MORT DU COSTUME

Temps de lecture : 8 minutes



Publié par Jordan Maurin le Aujourd'hui0

Mis à jour le 1 mars 2021

Gros plan sur Humphrey Bogart.

Sa coiffure est impeccable. Tirée en arrière d’un geste de peigne. Il a dans l’œil un éclat faible de nostalgie. Les lèvres boudent. Qu’est-ce qu’il y a Humphrey, t’es triste ce soir ?

Il est assis à une table. Devant lui, on voit une bouteille. Elle est bientôt vide. Ce n’est pas de l’eau minérale. Humphrey a bu. Et pas qu’un peu. Et il a fumé. Un paquet peut-être, à juger d’après l’épais nuage qui l'enveloppe.

La caméra s’éloigne et alors on voit comment il est habillé : mais c'est un... oui c’est un t-shirt qu’il porte. Il est col V et moule un peu trop sa poitrine plus toute jeune. Il est froissé aussi. On aperçoit bientôt ses bras velus. Très, très velus. Vraiment très velus. Voilà son pantalon. Il est gris clair on dirait. Élastiqué à la taille en gros molleton. C’est un... un jogging y’a pas d’autre manière de dire.

La caméra recule encore et le décor est splendide. C’est un cabaret de velours et d’or. Et sur le parquet lustré, Humphrey a des chaussettes trouées.

COUPEZ !

Oui je sais. C’est impensable. Le simple nom d’Humphrey Bogart est une invocation de l’élégance. On dit Humphrey et l’esprit voit un costume ou un smoking, la veste croisée blanche à col châle, le nœud papillon qui penche juste assez pour faire croire que rien n’est calculé.



(Photo by Warner Brothers/Getty Images)

Et quand son personnage est torturé, au moins à l’écran, c’est une torture endimanchée. S’il est nostalgique, c’est une nostalgie fringante. Et s’il fait la moue, c’est une moue magnifique.

Humphrey, en plus de son métier d’homme, a ajouté celui d’icône. Et pour le jeune impressionnable que j’étais, le costume qu’il porte et surtout sa manière de le porter a été un déclic. J’étais au bord du précipice qu’on appelle #menswear, je contemplais ce qu’il s’y passait sans oser rejoindre la fête, j’avais un peu le vertige et Bogart dans Casablanca (Michael Curtiz, 1942), c’était l’équivalent d’un mec arrivé à toute vitesse sautant à pieds joints entre mes deux omoplates.

Chute libre. Libre oui, mais avec le costume bien en tête, bien vissé dans ma caboche impressionnable comme l’un des moyens les plus sûrs d’atteindre l’élégance.

Et bien que j’aie fait du chemin depuis cette chute, j’ai tendance à le penser encore. Je me demande : qu’est-ce qu’il resterait des Oiseaux de Nuit d’Edward Hopper sans les types maussades en costume aux côtés de la dame en rouge ?

Qu’est-ce qu’il resterait à Julian Kaye sans ses fringues Armani, dans American Gigolo ?



Copyright: Courtesy Everett Collection MMDAMGI EC001

Il ne resterait que le glauque. L’insoutenable.

Le costume sauve les apparences. Il fait même bien plus, il sublime les destinées humaines, il les rend supportables. Et c’est d’ailleurs bien souvent, le propre de l’art que de rendre la vie un peu plus supportable.

Je ne dis pas que le costume, c’est de l’art, je dis qu’il s’en rapproche dans ses effets quand il est bien fait, quand il est bien porté, quand il est bien représenté.

Car c’est là tout l’enjeu : bien le porter.

Et la raison pour laquelle les élégants contemporains ne citent pas d’autres contemporains comme référence stylistique, c’est que les acteurs, musiciens, artistes, portent aujourd’hui le costume comme un déguisement. Ils se déguisent en élégant.

Regardez-moi, j’ai mis un costume.

Là où pour Bogart et les autres, porter un costume était aussi naturel que de voir, sentir, goûter ou entendre.

C’est un sport de s’habiller, ça demande de la pratique. Porter un costume ne s’improvise pas.

Il faut trouver les causes qui donnent les effets désirables. Et encore faut-il savoir ce qui est désirable ! Et comment nos acteurs contemporains pourraient-ils le savoir alors que le costume ne se porte plus au quotidien.

  • Trois millions de costumes vendus en 2011, en France.
  • 1,4 million entre août 2018 et juillet 2019. +

La raison de cette chute est simple : le costume n’est plus considéré comme l’uniforme réglementaire des métiers de représentation et de la banque et finance.

Par exemple, Goldman Sachs, la plus sévère des banques d’investissement en matière de dresscodea annoncé en 2019 à ses 36 000 employés qu’ils pouvaient désormais s’habiller de manière moins formelle.

La fête de la cravate, c’est terminé. Le casual friday, c’est toute la semaine à présent. Un nouvel usage est défini, un nouvel ordre mondial vestimentaire, c’est le plus grand nombre qui a décidé. Et tant pis pour ceux qui se sentaient bien dans leurs costumes.

Est-ce qu’on va le pleurer ?

Pas du tout.

Vous pensiez qu’après mon introduction qui fleurait bon le “c’était mieux avant”, j’aurais répondu “oui” à cette question.

J’ai trois remarques à faire à ce sujet :

1.     Il est absurde de demander à ses employés de venir en costume-cravate rencontrer des clients qui font à peine l’effort de mettre une chemise.

2.    Est-ce qu’on va vraiment pleurer la fin du costume de bureau si ça veut dire moins de cravates immondes et de vestes aux épaules tombantes ?

3.    La pandémie mondiale de 2020 a définitivement achevé le costume de bureau.

Bon débarras.

Désormais, le costume n’est plus l’habit du pouvoir. Il est même devenu l’inverse. Il habille celui qui n’en a pas, celui auquel on impose les règles. Celui qui les dicte, lui, s’habille en hoodie, en jean, en New Balance et parfois il porte des tongs.

Steve Jobs, Mark Zuckerberg, Elon Musk et les nouvelles figures du pouvoir ne portent pas de costume.



(Photo by Kim Kulish/Corbis via Getty Images)

Ils trouvent ça frivole de se demander quelle cravate va le mieux avec sa chemise. C’est une décision de trop sur une journée qui en comprend déjà trop. Ils veulent se concentrer sur le business car c’est là qu’est le vrai salut pour eux.

Bien sûr, c’est aussi une manière de s’affranchir de l’ancien monde, de dire : on ne va pas jouer selon vos règles. Et quand Mark Zuckerberg se présente en costume à une audience devant le sénat américain sur l'utilisation des datas par Facebook, est-ce que cela veut justement dire le contraire ? Que cette fois il veut bien jouer selon les règles du système judiciaire ?



Mark Zuckerberg, devant une commission de sénateurs américains, le 10 avril 2018. (Photo By Bill Clark/CQ Roll Call)

Bien que je ne partage pas cette vision qui consiste à dire que de réfléchir à la meilleure manière de se présenter au monde est une perte de temps, je ne peux m’empêcher de penser que l'abandon de ce dresscode d’un autre temps est un progrès.

Je me dis qu’il est difficile de faire de vrais progrès entre l’égalité homme/femme tout en conservant ces normes des années 1950.

Je me dis qu’il est peut-être plus difficile d’avancer sur les questions de genre et d’identité sexuelle si l’on n’assouplit pas les règles en matière d’expression personnelle par le vêtement.

L’habillement n’est pas frivole, il dit souvent beaucoup de la manière dont on pense. Il peut dire beaucoup de nos idéaux aussi. Du monde tel qu’on voudrait le voir. Et sans que ce soit politique bien sûr. Je mets des chaussettes écrues avec des mocassins parce que c’est interdit par les gens bien-pensants et que je voudrais que plus de personnes s’affranchissent des limites vestimentaires qu’on leur impose.

Du coup, qu’en est-il de ceux qui aimaient venir travailler en costume ? Ah ça, le mémo de Goldman Sachs ne le dit pas.

En revanche, ce qu’on peut imaginer, c’est qu’un type en costume dans un open-space rempli de gens en chino et Stan Smith ça va faire jaser. Et on va lui faire retirer son costume. Lentement. Par le simple poids des regards et des remarques sous le couvert de l’humour. Viens-nous rejoindre dans la médiocrité.

Je ne veux pas dire que porter un chino est médiocre par rapport au fait de porter un costume. Ce serait aussi absurde que de dire qu’un escargot, c’est mieux qu’une limace. Alors que chacun sait qu’un albatros, c’est beaucoup mieux. Enfin ça se voit, c’est évident.

Ce que je veux dire, c’est que la norme deviendra celle du moindre effort vestimentaire. Car trop de personnes donnent une importance démesurée au confort. Alors même qu’un costume bien taillé, laissant suffisamment de place pour bouger peut-être aussi confortable qu’un jogging.

Bref, on nivelle par le bas. On entrave la créativité de ceux qui s’exprimaient grâce au costume ou qui y trouvaient une certaine sérénité.

Toutefois c’est un moindre mal. Car si le costume de bureau est mort, le costume tout court ne l’est pas !

Y’a pas de deuil à faire ! Qu’on arrête de vouloir l’enterrer ! D’ailleurs, la preuve : que porteriez-vous si vous deviez assister à son enterrement ?

Car oui, on pense spontanément à toutes ces occasions qui nécessitent d’en mettre un : enterrement, mariage, événements solennels. Elles le nécessitent car à cet instant le costume est une manière de montrer notre volonté de nous inscrire dans l’événement présent. Par pur respect pour la cérémonie et des personnes qui l’organisent. Là, dans ces moments, il nous faut un vêtement qui puisse dire : “je vous comprends et je suis là avec vous”.

Vous ne savez quel costume portez à un mariage, la réponse est ici 

C’est la force du costume, par sa forme, de pouvoir être inclusif quand il est porté de manière ponctuelle.

Mais ce n’est même pas cela qui me réjouit.

Ce n’est pas de me dire qu’on va encore pouvoir challenger notre Humphrey Bogart intérieur en portant notre seul et unique costume une fois toutes les quatre années bissextiles pour un mariage ou je ne sais quoi ! Non !

Ce qui me réjouit, c’est que désormais comme nous n’avons plus l’obligation de le porter, alors nous pouvons renouer avec le plaisir de le porter. En dehors de ces événements ! Nous pouvons nous reconnecter au vrai costume.

Pas le power suit, pas celui des hommes politiques, pas celui des businessmen, pas de ceux qui portent le costume comme une arme.

La vie n’est-elle pas une occasion suffisamment grande qu’on ait envie de la célébrer chaque jour ?

Pourquoi pas avec un costume ?

Plus rien ne vous en empêche maintenant.

Le costume est mort, alors il est temps d’inventer votre propre manière de le porter.

Un costume, c’est quoi au fond ? C’est un haut et un bas qui ont été fabriqués dans le même tissu. Rien de plus. Avant, on disait “complet”. Ce qui était bien plus parlant que de dire “costume”, qui est un autre mot pour dire “déguisement”.

Portez-en-un le week-end avec un t-shirt, un hoodie et des runnings.

Portez-en un tout en denim, avec une marinière, comme un vieux peintre français dans son atelier à Montmartre.

Portez-en un à motif pied-de-poule noir et blanc avec un polo en laine mérinos en dessous, comme Gabin.

Portez-en un workwear comme dans There Will Be Blood.

Portez-en à la cool, en twill ou corduroy, comme dans les lookbooks de Universal Works.

Portez-en un patchworké à la Hansen Garments.

Portez-en un très chic avec une chemise western !

Ou alors jouez-vous la Atelier Saman Amel. Le costume sans la cravate. Sans la chemise même possiblement. Soft, soft, soft. Soft les épaules. Soft les lignes. Soft la matière.

Le plus dur, pour s’habiller en costume de nos jours, c’est qu’on est seul. Désespérément seul dans la foule. Mais ce n’est pas parce qu’on est seul qu’on a tort.

Soyez votre propre icône. Devenez votre propre Gabin, votre Noiret. Votre Humphrey !

Ne portez pas le costume comme une chose précieuse sur vos épaules. Mettez les mains dans les poches comme le Prince Charles. Celui-là même qui aime tellement ses costumes qu’il les fait raccommoder et les porte ainsi.



(Photo by Niall Carson/Pool/Samir Hussein/WireImage)

Réinventez le costume à votre manière. Devenez votre propre Hedi Slimane.

Et quand je vous croiserai sur mon chemin, je saurai vous reconnaître et vous me reconnaîtrez. Et d’un coup d’œil on se dira qu’on est de la même famille. De la famille de ceux qui ont compris, que ce n'est pas parce que le costume est mort qu’on ne doit pas le ressusciter.

Pour savoir tout ce que Benoît aime dans le costume c'est ici

Quel col choisir pour votre chemise-sur-mesure?

Cher Ami, Aujourd’hui  nous allons traiter du choix du col  pour votre jolie chemise sur mesure. Comment bien choisir...